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poignée d’individus avec laquelle il n’y a point à compter. Pour l’autocratie, le peuple c’est ceux qui sont pour le Tsarisme et en théorie c’est tous ; le reste ce sont les émeutiers, « quelque chose » qui « ne doit pas exister ». Une division analogue mais contraire est naturellement admise par les révolutionnaires : le peuple, c’est tout ce qui lutte pour tous contre un, en principe c’est tous.

La victoire historique appartient au principe qui s’incarne, qui devient un fait. Nous avons vu comment les intellectuels qui se considèrent comme des modérés et des pacifiques deviennent dans la réalité des révolutionnaires. Mais ce n’est pas tout. Sous nos yeux, les gens non intellectuels, ce que l’on appelle ordinairement le peuple, ceux qui diront peut-être eux-mêmes qu’ils sont des fidèles sujets du Tsar, se soulèvent de concert avec les révolutionnaires. Et c’est justement ceux en qui la vérité nouvelle germe comme poussée par une forcé organique, qui inconsciemment se joignent à la lutte, ce sont ceux-là qui doivent décider de la victoire du parti auquel ils s’attachent.

Le passé se défend, le présent attaque. L’obscur, l’inconnu, s’élève des profondeurs inconscientes et se joint par la force de l’histoire, par la vie de son âme à ceux qui attaquent ; le peuple — tous — s’élève.