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de la Volonté du Peuple, sont devenus terroristes, — on est convaincu une fois pour toutes que ces gens ne sont pas moins hommes que nos constitutionnels-démocrates, lesquels répudient tout meurtre au nom de l’humanité et qui rêvent, par suite de leur aversion intense du terrorisme, d’entreprendre d’énergiques réformes pacifiques pour un peuple imaginaire vivant sous un tsar imaginaire. Bien entendu, tous nos premiers combattants pour l’idée « Tous » contre la mourante et d’autant plus dangereuse idée « Un », savaient ou sentaient qu’eux, hommes, ne voulaient pas tuer d’autres hommes. Perowskaïa, Gélaboff et une centaine d’autres moins brillants ont tous commencé par « aller au peuple » pour entreprendre « la propagande pacifique». Pendant leur procès beaucoup d’entre eux le racontaient, et ils ajoutaient avec une naïveté touchante : « Si alors le gouvernement ne nous avait pas molestés, s’il n’avait pas commencé à emprisonner, à déporter, à tuer »

Si ! Comment le gouvernement absolutiste aurait-il pu ne pas le faire ? L’idée naissante de Tous ne sentait pas encore jusqu’à quel point elle s’opposait à l’absolutisme, combien la mort définitive de l’autocratie était nécessaire à sa vie, à son incarnation.