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pas, elle ne peut pas, elle ne doit pas cesser, tant que Un ne détruira pas Tous ou, comme ce sera historiquement, que Tous ne supprimeront pas Un. Aucun compromis ne peut faire coexister ces idées éclatantes et exclusives ; leur union véritable appartient à un avenir lointain et conditionné par la prochaine victoire de tous.

A celui qui lutte aujourd’hui pour tous, la gloire, l’honneur, l’entière justification.

Justification ! Il est des actes que l’homme ne veut pas accomplir, il le veut d’autant moins qu’il est plus homme, plus avancé dans l’histoire. — Tel est le meurtre,

La répugnance, l’impossibilité intérieure qui vient des profondeurs les plus intimes de l’être humain, de tuer, de supprimer la vie d’autrui, existe depuis le début de la vie. Mais cette loi intérieure, innée, indiscutable et qui interdit le meurtre à tout homme, est à peine consciente encore. L’homme la viole sans cesse sous l’empire des circonstances.

Il la sent toujours, mais plus ou moins faiblement. Déjà il tente de se justifier devant soi-même des meurtres qu’il ne voulait pas, mais que des circonstances l’ont obligé d’accomplir. Et le cercle des circonstances pour lesquelles l’homme s’adjuge le droit de tuer se rétréc