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HIVER.

A mon ami Ernest Prévost.

L’obscur hiver de ses doigts froids
Egratigne le paysage,
Et le ciel a perdu l’usage
De la lumière en qui je crois.

Le gris a beau, presque de perle,
Faire jolis les horizons,
Le flux pâle de nos saisons
Sur mon esprit monte et déferle ;

Et le temps est si loin encor,
Le temps qui recule si vite,
Où mai, dont la voix nous invite,
Dresse ses bois comme un décor ;

Où les yeux fatigués d’écrire
Voient le ciel bleu comme des yeux
Et la terre au sein radieux,
Comme une femme, nous sourire.