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LA RUE


La rue au flanc du roc serpente resserrée ;
Les filets font de longs treillis sur les maisons.
A tous les coins la mer, fermant les horizons,
Fait trembler sur les murs une bande azurée.
 
La bonne odeur de l’eau monte avec la marée.
Des hommes dont le cœur brave en toutes saisons
L’Océan, qui jamais ne donne ses raisons,
Passent, l’écoute aux mains et la tête assurée.

Parfois, par une porte entr’ouverte, on peut voir,
Auprès du vieux bahut luisant de chêne noir,
Le berceau d’un petit qui ne fait que de naître,

Et que berce d’un bruit mélancolique et lent,
Dans l’ombre triste, loin de la seule fenêtre,
L’aïeule au coin de l’âtre, immobile et filant.