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L'éblouissement sans pareil
De la jeunesse qui flamboie.

Tu n’as pas besoin du conseil.

Dehors, il fait si beau, mignonne !
Le poète-soleil entonne
L'hymne étincelant de l’été.
Il baise avec sérénité
La grande terre qui frissonne ;
Le pinson chante un air flûté,
Et le grillon brun carillonne,
Carillonne, obscur entêté.

Le jour s’en va ; la nuit qui passe
Allume au travers de l’espace
Les girandoles du ciel bleu,
Les vieilles étoiles de feu
Qu'un souffle avive, puis efface,
Elles clignotent tendrement ;
Et la lune, avec sentiment ;
La lune, pudibonde et sage,
Se ressouvenant d’un autre âge,
Cherche Endymion dans les bois
Et glisse parmi le feuillage
Ses regards de vierge aux abois.

C’est l’heure d’aller dans les branches
Voyager à deux pas d’ici,
A Chaville, à Montmorency,
Rêvant choses roses et blanches,
Choses couleur d'azur aussi,