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LES FLEURS DE CIGUË




C’était une de ces nuits blondes
Qu’il fait après les jours brûlants :
Pleine d’aurores vagabondes
Et de crépuscules brûlants.

Les arbres, décor sympathique
Sur la lune dans sa rondeur,
Produisaient cet effet d’optique
Qui supprime la profondeur.

Mais le grand ciel bleu par derrière,
Reculait en s’arrondissant,
Avec ses perles de lumière
Au pâle éclat éblouissant.

L’air montait des champs, tiède encore,
Et, comme une baleine en dormant,
Dans la feuille noire et sonore
Faisait un doux bruissement.