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AU PRINTEMPS




Alerte et déliant la langue des pinsons,
Quand viendra, couronné des floraisons nouvelles,
Avril, qui fait vibrer les âmes et les ailes,
Avril, le doux poète et faiseur de chansons ;

Quand l’aubépine, étoile et neige des buissons,
Brillera dans le vert pâle des bourgeons frêles ;
Quand passera la brise avec les hirondelles
Sur les arbres émus de rhythmiques frissons ;

Alors je n’aurai pas la sacrilège audace
D’appeler la première amoureuse qui passe
Pour lui dire : « Veux-tu nous aimer aussi, nous ? »

Mais je regarderai germer la terre auguste
Sous les baisers féconds et l’étreinte robuste
Du bon et vieux soleil, son beau, son jeune époux.