LE TRIOMPHE DU REVE
Mais trahira-t-elle déjà le devoir nouveau qu’elle s’est imposé ?
— Ouvre la caisse, Chocra !
Quelques coups de marteau, une pesée.
Pieusement, Mademoiselle Angéline soulève les grandes feuilles de papier brun. Un petit cri lui vient aux lèvres, un petit cri qu’elle réprime.
Le Livre ! Il est là, si net, presque brutal, imposant par la couverture de douze exemplaires étalés de front l’enthousiaste confiance de son beau titre douze fois répété : Le Triomphe du Rêve !
De la caisse monte une odeur subtile, perceptible à peine mais déjà reconnue, tel un fantôme qui reviendrait : le spectre de cet aigre parfum d’encre humide que dégageaient les épreuves ; et ce pauvre effluve enivre Mademoiselle Angéline comme la pourrait enivrer l’haleine d’une fleur trop généreuse.