Page:Mérédac - Des histoires, 1932.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE TRIOMPHE DU RÊVE

moment, il soupçonna une mystification. Mais non : le vieux notaire lisait son cahier-des-charges le plus sérieusement du monde, en pontifiant un peu — et Mademoiselle Angéline buvait ses paroles, qui exhaussaient de ciel en ciel l’extase où elle était plongée.

Il y eut comme cela tout un défilé d’hectares, de kilomètres, d’abornements, entremêlés de soleils en gerbes d’or, de rossignols harmonieux et de timides chevreuils ; puis un signalement très minutieux et très poétique l’Aurore de Champilly, des fiches anthropométriques de son père et du garde-chasse. Quand ce fut fini, Briole hocha la tête, d’un air important mais embarrassé.

Fort heureusement, on ne lui donna pas le temps de respirer. Mademoiselle Angéline prise d’une de ces admirations qui vous transportent hors du temps, hors de l’espace, hors de vous-même, implora :

63