Page:Mérédac - Des histoires, 1932.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DES HISTOIRES

Il arriva même une chose inouïe : un soir, au lieu de se coucher à sept heures, le père et la fille quittèrent leur maison après le dîner ; ils s’étaient soigneusement encapuchonnés contre les traîtrises de l’air nocturne. Un pêcheur les attendait, dans son bateau ; il les promena longtemps sur les vagues molles, berceuses, dont les crêtes s’argentaient de clair-de-lune. On eût dit un très vieux couple revivant un tendre épithalame… Et l’apparence ne mentait qu’à moitié : car sur les flots illusoires Mademoiselle Angéline et son père poursuivaient chacun le clair-de-lune de ses vingt ans — le clair de lune qu’il leur fallait pour embellir, en « l’idéalisant, » la première rencontre d’Aurore et de Tibulle.

Les deux romans, autrefois parallèles, maintenant noués, emmêlés, n’en faisaient plus qu’un.

Et deux êtres qui, pendant des années,

54