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LE TRIOMPHE DU RÊVE

Parce que la vie ne lui avait rien donné, il fallait bien qu’elle se revanchât sur le roman. Enfin trouvait un emploi sa tendresse depuis longtemps desséchée, qu’amolissait maintenant, que gonflait, que vivifiait la rosée des larmes versées pour des fantômes. L’enfant eut toutes les grâces ; la vie lui fut toujours souriante et sa maman connut des élans de tendresse que n’ont sûrement pas les vraies mamans !

Semblablement, Monsieur Timothée ne se privait de rien ; ses héros étaient riches, braves, séduisants ; les pires folies leur réussissaient toujours ; et, comme la morale était invariablement d’accord avec ses intimes désirs, la morale ne connaissait que des triomphes.

Cependant, à imaginer tout le temps de la beauté, des transports, d’immenses aventures, quelque chose se modifiait dans sa vision même de la vie. Un matin,

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