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DES HISTOIRES

Le journal de son mari.

Pourquoi Maurice avait-il commencé de le tenir quelques années avant sa mort ? Quels secrets trop lourds lui confiait-il donc ? Ah ! ce cahier, ce cahier triste et froid, Marthe retrouve, à le regarder aujourd’hui, sa rancune des jours passés !

Il fut, peut-être, son seul ennemi ; l’occasion des seuls nuages — des seuls qui comptent, des seuls dont on se souvienne — au long de ces vingt-trois années d’intimité si étroite et si chaude.

Jamais Maurice ne lui avait dit : « Tiens, lis ! » et elle n’aurait point touché, dût sa vie en dépendre, au livre trop intime sans doute qu’on ne lui avait pas ouvert.

Certes, souvent il laissait le cahier à portée de sa main ; parfois même il l’avait poussé vers elle, comme pour provoquer une question, une demande. Ni question ni demande ne vinrent jamais. Peut-être les attendait-il avec un désir passionné de

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