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endroits curieux du monde, on ne le parlera jamais ».

Alors pourquoi dans le chapitre consacré au Péril Espérantiste, M. Gaubert s’écrie-t-il que le premier tort d’une langue artificielle, adoptée comme langue universelle, « c’est de faire méconnaître la culture actuelle, des langues nationales au profit d’une langue factice ».

Comment concilier ces deux opinions ! Je voudrais bien que M. Gaubert nous donne la raison pour laquelle un langage qu’on ne parlera jamais « là où vit et grandit l’essentiel d’un peuple » fera méconnaître la langue nationale de ce peuple ? Cela manque évidemment de clarté.

Quant à savoir assez la langue du pays pour connaître « tout ce qu’il y a de différencié, de pittoresque, de représentatif dans la vie du pays parcouru », il n’y a pas, à notre époque, beaucoup de voyageurs en état de le faire. C’est même pour obvier à cet inconvénient que l’on trouve partout des guides chargés de renseigner sur toutes ces questions, et que les agences organisent des caravanes avec interprètes. Pour ma part j’aimerais mieux un guide parlant bien l’espéranto qu’un cicerone charabiant en mauvais français : cela me rendrait de plus appréciables services[1].

  1. En attendant le jour où on apprendra l’Espéranto dans les écoles primaires avec le calcul et la grammaire. Ce jour