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d’une même racine. Car dans toutes les langues nationales, ces dérivés sont toujours formés sans ordre, sans règle, et la multiplicité des suffixes, se rapportant à une même catégorie d’idées, complique encore la difficulté en embrouillant inutilement les choses.

Procédons par des exemples pour mieux nous faire comprendre. En voici un choisi parmi les plus typiques.

« Le français, dit M. Carlo Bourlet[1], se sert de différents suffixes pour désigner les noms de métier : ier, ien, eur, iste, re, etc., et il dit serrurier, bottier, pharmacien, musicien, brosseur, balayeur, flûtiste, violoniste, peintre, chantre, etc. Malheureusement ces terminaisons n’ont rien de caractéristique, et d’autre part leur multiplicité même annihile les avantages que l’on pourrait tirer de leur existence. Qu’on apprenne à un étranger la liste de ces terminaisons pour lui faciliter l’acquisition du français, et lorsqu’on lui demandera ce que c’est qu’un chantier, il nous dira que c’est un homme qui chante et il croira qu’un légumier est un marchand de légumes. D’ailleurs, inversement, pour nommer un homme dont le métier est de frotter il ne saura pas s’il doit dire frottier, frottien, frotteur, ou frottiste.

  1. Op. cit.