Page:Ménil - Préjugés contre l’espéranto.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 27 —

Mais enfin, puisque personne ne trouve d’autre explication que l’affirmation toute nue d’une opinion préconçue, — cela peut être par manque de notions précises sur la question ! — il est nécessaire d’expliquer comment et pourquoi l’existence d’une langue artificielle n’a, théoriquement ni pratiquement, rien d’impossible.

Je commencerai donc par citer des faits. J’ai assisté, trois années consécutives, à des Congrès, à Boulogne, à Genève, à Cambridge ; j’ai vu des gens de vingt-deux nationalités différentes échanger des vues sur les questions les plus variées à l’aide d’un langage artificiel, j’ai tenu de longues conversations avec des étrangers ne sachant pas un mot de français, la seule langue vivante que je possède. Je puis donc affirmer que cette langue artificielle existe. J’ai d’ailleurs contribué avec tant d’autres, depuis six ans, à l’enseigner dans


    car l’autre sens — celui de factice, c’est-à-dire « qui a seulement les apparences de la réalité » — serait la condamnation même de notre système. D’ailleurs si c’est ainsi que devaient l’expliquer certaines personnes malintentionnées il serait très facile d’adopter une autre expression…

    Mais pour éviter toute amphibologie, nous demanderons aux personnes de bonne foi : Est-ce qu’il y a des langues vraiment naturelles ? Est-ce que toutes les langues nationales, répandues dans l’univers, ne sont pas autre chose que des langues conventionnelles ? « Elles sont l’œuvre de l’homme, la création de l’homme, celle qui lui appartient en propre et précisément le distingue de l’animal » (*).

    C. Aymonier, op. cit.