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que pour justifier leur opinion et nous convertir à leur croyance.

Les uns disent : « Je ne suis point partisan d’une langue artificielle », les autres : « Je n’y crois point. » D’autres encore : « Le rôle de la langue universelle pour les peuples civilisés peut seulement être rempli, non par une langue ancienne cristallisée, non par une langue artificiellement formée, mais par une langue vivante. » D’autres comme M. Remy de Gourmont (Préface de la Sottise) expose que « le besoin d’une langue universelle ne semble pas universel. » M. de Gourmont aime les paradoxes !

Dans tout cela il n’y a que des opinions — toutes les opinions sont respectables ; — mais on ne présente aucune preuve de l’impossibilité de la langue artificielle, ni aucune explication des motifs pour lesquels on nie la possibilité de sa réalisation. Et même quand d’autres affirment que « toute langue artificielle et volontaire manque d’âme et par suite de principe vital » qu’ « elle conviendrait à des automates », j’imagine qu’ils se méprennent sur le sens du mot artificiel[1].

  1. Sans vouloir se donner la peine de réfléchir, ou jouant même sur les mots avec sans doute quelque mauvaise intention, on semble oublier — pour mieux attaquer l’Espéranto – que le mot artificiel a deux sens. Il signifie : fait avec art, du latin arte facta, qui est produit au moyen de l’art, par opposition à naturel. C’est dans ce sens qu’il faut l’entendre