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au mot. Mais ne nous montrons pas trop sceptiques ! Si ces personnes parlaient réellement le latin, elles seraient — en toute franchise — obligées d’avouer au prix de quels efforts elles sont arrivées à ce résultat et hésiteraient à en conseiller l’ingrate et difficile étude.

Je sais néanmoins un certain nombre de lettrés qui lisent couramment le latin — mais c’est une élite, — et de là à le parler couramment il y a loin. Des prêtres catholiques, qui, dans leurs voyages en Europe s’en servent avec leurs collègues, avouent que la plupart du temps ils écrivent leurs questions, et que les étrangers transcrivent au dessous leurs réponses — ce qui ne paraît pas d’une utilité bien pratique — et cela parce que chacun donne au latin la prononciation des sons de sa langue maternelle.

Il serait facile, objectera-t-on, d’adopter une prononciation uniforme pour tous les peuples. En principe la chose n’est pas inadmissible ; en pratique elle offrirait des impossibilités matérielles ; car sur quel terrain s’établirait-on ? chacun proposerait sa prononciation sans vouloir en démordre. Ensuite et surtout les nombreuses irrégularités du latin, sa grammaire compliquée, sa syntaxe difficile, ses mots dont le sens varie selon les expressions et signifient même parfois le contraire de ce qu’ils exprimaient dans la proposition