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prosopopées, d’enivrantes périodes de métaphores pleines de magnificence ! Ce n’est point par sa beauté intrinsèque, par sa clarté, par sa souplesse que la langue française a été jadis, officiellement la langue la plus répandue dans les hautes classes de l’Europe. Sans cela notre littérature moderne serait bien coupable de l’avoir si mal défendue ! Non ! la langue française a un instant parcouru le monde, sur l’aile de la victoire et s’est momentanément implantée comme en un fertile sillon, dans les ornières creusées par les roues de nos canons. Elle s’est imposée par la force des baïonnettes.

Que valent de semblables moyens — glorieux dans le passé — à une époque, où à tort ou à raison, on maudit la guerre, on ne veut plus se battre, on rêve de paix universelle ? Ces moyens, nous ne voulons plus — ou nous ne pouvons plus — les employer ; contre eux la civilisation presque tout entière se révolte. Faut-il les abandonner aux ambitions d’un peuple plus belliqueux ?

Donc si nous sommes partisans d’une langue neutre internationale, c’est parce que nous savons bien que cette langue internationale ne peut être une langue vivante. En effet pour avoir chance d’être adoptée la langue seconde doit être choisie par le consentement unanime de tous les peuples civilisés.

Que l’on me dise la nation qui consentirait à