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ployaient — comme passent toutes les modes. Si elle est encore acceptée dans l’Union postale il n’y a pas là de quoi faire pâmer d’aise notre jeune école littéraire.

Que peuvent gagner les belles lettres françaises à ce que l’on dise Varsovie aussi bien que Warszawa, Londres, Prague et Naples, aussi bien que London, Praha et Napoli, et que l’on puisse mettre rue au lieu de street, straat, strasse, strada, rua, via, calle, ulitza, uteza ou gade ?

Quant au style télégraphique, quelle esthétique nouvelle peut-il apporter à notre littérature ? Hélas! non, le français n’est pas la langue universellement parlée. Ceux d’entre nous qui voyagent depuis une vingtaine d’années en Europe en font l’expérience, plus cruelle chaque jour.

C’est un préjugé qu’il faut combattre parce qu’il nuit, en outre, à notre activité nationale. Et les étrangers sont les premiers à le laisser s’accréditer chez nous, car pendant que nous nous endormons bercés par notre vaine gloriole, pendant que nous lâchons peu à peu la proie pour l’ombre les étrangers cherchent à s’emparer du rôle officiel que nous avons eu autrefois dans les hautes sphères.

Car, il ne faut pas craindre de le dire, la langue française n’a jamais été la langue vraiment internationale de l’Europe, au sens rigoureux que