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premier principe de se mettre à la portée de toutes les classes de la société[1].

La langue française a-t-elle jamais joué ce rôle prépondérant ? Non ; on peut l’affirmer sans hésiter. À cause de sa grande difficulté elle a été pratiquée, à l’étranger, seulement par une élite très restreinte, et cette élite continuera toujours à en cultiver la connaissance.

Mais enfin ce préjugé est très enraciné chez nous, principalement chez ceux qui n’ont jamais examiné à fond la question. D’autres plus avertis, ont compris que c’était là une utopie.

Voici un simple fait : Les partisans de la langue internationale se comptent, en France, par milliers. Voyons est-il possible que tant de Français se soient dit : « Il existe une langue internationale, et nous la connaissons tous parfaitement, puisque c’est notre langue maternelle. Eh bien ! malgré cela, nous allons chercher à en imposer une autre que nous ne savons point et que nous aurons la peine d’apprendre. » Cela ne se discute pas même un seul instant.

Évidemment nos compatriotes espérantistes ont pris cette décision après s’être rendu compte, par

  1. C’est vers ce but que tend l’Espéranto, dont l’étonnante facilité — on le verra plus loin — surprend toutes les personnes qui se donnent la peine d’étudier avec un peu de soin son vocabulaire et sa grammaire.