Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mutuelles ; la terre et les autres éléments furent souillés par le sang répandu et se plaignirent au Créateur, le priant d’envoyer une émanation de lui-même pour régénérer le monde. Il envoya Osiris, qui enseigna aux hommes la religion, la justice et la science, et, sa mission accomplie, devint le juge des morts. Tel est le récit fait par Isis à son fils Hôros.

Valentin. Pourquoi toutes les allégories par lesquelles on a cherché à expliquer l’existence du mal en attribuent-elles l’origine à la volonté perverse de l’homme, avant ou après sa naissance ? C’est confondre le mal avec le péché.

Chérémon. Ne crois-tu donc pas, Valentin, que ce soit en effet le plus grand des maux pour l’homme ? Quant à moi, je pense, comme tous les stoïciens, que c’est le seul mal véritable, car il n’y a de mauvais pour un être que ce qui est contraire à sa nature.

Valentin. Sans doute, mais le mal existe dans le monde en dehors de l’homme. La douleur et la mort sont contraires à la nature des animaux, puisqu’ils font tant d’efforts pour y échapper. Les plantes même cherchent à entretenir leur vie en buvant l’humidité par leurs racines, la