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et le fruit défendu, c’est la volupté ; le serpent, c’est l’attrait pernicieux du désir et des passions terrestres. L’âme, tombée par la naissance dans la prison du corps, est soumise à l’esclavage du péché et ne peut en être délivrée que par la vertu du Rédempteur mort sur la croix pour le salut du genre humain.

Chérémon. L’affranchissement de l’âme par la douleur et le sacrifice a toujours été admis par les Grecs ; on ne dira pas, sans doute, que le Christ est plus ancien que Prométhée, Héraklès et Dionysos.

Valentin. On peut du moins voir dans la religion des Grecs, comme dans celle des Juifs, une préparation à la vérité chrétienne. On peut regarder le Caucase comme une image du Calvaire et les travaux d’Héraklès comme une vague prophétie de la passion. Quant à la fable de Dionysos, je la trouve fort obscure. Nouménios t’avait demandé l’explication de la mythologie du feu et de celle du vin ; tu nous as montré le sens de la première, nous voudrions comprendre également la seconde.

Chérémon. La langue religieuse paraîtrait plus claire si l’on se souvenait davantage que toutes