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et de l’autre côté sa délivrance par Héraklès. L’homme est une étincelle du feu céleste dans une lampe d’argile, un Dieu exilé du ciel, enchaîné par les liens de la nécessité sur le Caucase de la vie, où il est dévoré de soucis toujours renaissants. Mais l’effort des vertus héroïques brise ses chaînes et le délivre du bec et des ongles des vautours ; Héraklès ramène Prométhée dans l’olympe et réconcilie la terre et le ciel.

Origène. La plupart de ces idées sont exprimées dans le récit de Moïse sous une forme plus simple, parce qu’elle est plus ancienne. On y trouve l’homme formé du limon de la terre, et la fatale curiosité d’une femme vouant le genre humain au travail et à la mort.

Nouménios. Ne pourrais-tu pas, Origène, nous expliquer toute cette fable du paradis, du serpent et de la pomme, car je sais qu’au lieu de t’arrêter à la lettre, comme la plupart des chrétiens, tu cherches dans la mythologie hébraïque un sens caché.

Origène. La lettre tue, l’esprit vivifie ; que celui qui a des oreilles entende. Le jardin d’Éden, c’est l’état des âmes avant leur incarnation ; Ève