Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/74

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ont d’elles-mêmes les pousse dans le rude chemin de la régénération, et c’est pourquoi on vous nomme les Bienveillantes. Si vous redressez aussi les erreurs de l’intelligence, corrigez-moi, purifiez-moi, ô vénérables, en me découvrant l’avenir.

Les Euménides. Tes erreurs, Socrate, sont celles de la plupart des philosophes qui t’ont devancé ou qui te succéderont. Chacun de vous n’a qu’une part dans la faute, et pourtant chacun doit accepter toute la punition. Pour avoir ébranlé la religion de vos pères, pour avoir préféré la théocratie de l’Égypte, la monarchie de la Perse à l’égalité sacrée des libres citoyens de la Grèce républicaine, contemplez le tableau d’une société selon vos rêves. Elle vivra dans l’avenir, cette société, après l’asservissement des cités helléniques et l’invasion rapide des religions barbares dans l’Occident. Voyez les républiques tomber l’une après l’autre dans la servitude, les nations s’engloutir dans l’unité d’un immense empire et marcher comme des troupeaux dociles sous le sceptre des pasteurs. L’oreille des philosophes n’est plus troublée par les luttes de la place publique, mais la loi n’est plus l’accord des volontés unies ; elle descend d’en haut sur