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de toutes les trahisons et de toutes les débauches, les trente tyrans sortis presque tous de ton école, et parmi eux Critias, le plus cruel de tous et le plus impie, celui qui a écrit dans ses vers que la religion avait été inventée par les chefs des peuples pour dompter la multitude. Ils te montreront Xénophon servant comme mercenaire un prince étranger, puis combattant avec Sparte contre les athéniens, et dans ses écrits, préférant la monarchie asiatique au gouvernement populaire. Ils te montreront enfin Platon, le plus illustre philosophe formé par tes leçons, proposant pour modèle, dans sa république, un état où règne la communauté des femmes.

Socrate. Il me semble, Minos, que, si tu avais siégé parmi les héliastes, tu m’aurais condamné comme eux à boire de la ciguë.

Minos. Non, car ils ont ouvert une voie funeste qui ne sera que trop suivie après eux. Si du moins ils s’étaient contentés de l’ostracisme, tu aurais passé quelques années au milieu de la communauté oligarchique de Sparte ou de la monarchie des mèdes, et tu en serais revenu plus juste pour le gouvernement de ton pays. Mais je ne suis pas ton juge, j’ai voulu seulement t’indiquer