Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

hommes ! Mais qu’est-ce que vous concluez de tout cela ?

Lui. Que le mal étant réel et le bien impossible, vous avez tort de m’appeler une négation.

Moi. Eh bien, après la description que vous venez de faire du monde, si vous prétendez y avoir travaillé, je ne vous en fais pas mon compliment.

Lui. Je ne vous demande pas de compliments, c’est vous qui m’en demandiez tout à l’heure, quand vous m’avez vu en train de lire votre ouvrage.

Moi. Si vous blessez mon amour-propre, je me vengerai sur le vôtre. Avouez que votre importance a bien diminué, depuis le temps où vous luttiez contre les anges et où vous tentiez les saints.

Lui. Je taquine encore les philosophes, et cela m’amuse bien autant.

Moi. Vous me rappelez ce tyran à la retraite, qu’une férule consolait de son sceptre perdu.

Lui. Vous avez donc la modestie de comparer les philosophes à des enfants ?

Moi. L’enfance a l’avenir.

Lui. L’avenir est le royaume des chimères ;