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vit alors que j’étais dans ma vingtième année. Cette fois, il avait archi raison de fustiger mon aplomb d’inexpérimenté qui parle sur ce dont il ne saurait avoir la moindre idée :

« Décidément ton article sur les femmes et l’amour ne me va pas. Quand les jeunes gens veulent écrire sur ces choses-là, ils ne cherchent pas la vérité, ils veulent être galants, ils font de la littérature au lieu de faire de la physiologie. Moi qui n’ai plus d’arrière-pensées de conquêtes, je vais te dire ce que c’est que l’amour et les femmes.

« L’amour, c’est un enfant qui veut naître. Les anciens l’appelaient de son vrai nom, le Désir, (Eros, Cupido), parce qu’en effet c’est le désir qui fait entrer tous les êtres dans la vie. Voilà pourquoi les peintres et les sculpteurs représentent des enfants ailés qui voltigent autour des amants : ce sont des âmes qui voudraient s’incarner, des germes qui demandent à naître ; pour cela, ils se changent en désirs, et sollicitent les vivants à leur donner un corps.

« Ils les poussent vers leurs complémentai-