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Les mythes du polythéisme ont fourni au païen, ce que ses tendances d’artiste réclamaient impérieusement. Plus tard il a fait entrer Jésus-Christ et la Vierge dans son panthéon en les retouchant quelque peu, les costumant, les esthétisant à la grecque.

Sa vierge n’est ni la vierge céleste de Fra Angelico de Fiesole, ni la vierge extatique de Murillo, mais l’épouse chaste, la suavement tendre mère des saintes familles de Raphaël. Il ne dit pas avec son camarade de collège et son ami, Charles Baudelaire :

Saint Pierre a renié Jésus, il a bien fait.

Il n’eût pas plus renié le fils du charpentier s’il avait été Barjone, qu’il ne niait sa divinité mythiquement interprétée. Jésus-Christ, pour lui, c’était « l’humanité s’offrant en sacrifice et s’adorant dans sa souffrance et dans sa mort ». Il n’avait quelque éloignement que pour Dieu le père, pour Iahweh, parce qu’il le trouvait trop ’un, et par là trop autoritaire, trop despote asiatique. Il se vengeait de ce despotisme