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bres, lois vivantes », il basait la morale que, comme les Grecs, il « ne distinguait pas de la politique ». Ces dieux symbolisaient à ses yeux la liberté, la liberté sur la terre comme au ciel, à l’exemple du ciel. L’abstrait impératif catégorique de Kant lui paraissait trop froid et trop sec pour les besoins de l’imagination, cette folle du logis de Malebranche, mais aussi cette source de l’inspiration. Sa bible était les poèmes d’Homère, l’aède inspiré.

Louis Ménard situait les dieux dans la nature parce que la nature est le milieu où se meut l’homme et que ses dieux sont à sa ressemblance, ne sont que de l’homme à la dernière puissance, comme on dit en mathématiques ; mais cette nature, il la tenait à distance au nom de son stoïcisme. Il disait à la douleur née d’elle : « Tu n’existes pas. » Et du coup, confisquant Le Dieu force de la nature, il le métamorphosait en dieu du for intérieur, en loi de la conscience.

Il sauvait ainsi du naufrage la poésie, l’art, la justice reposant sur Le droit. C’était une