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Néant divin, plein du dégoût des choses ;
Las de l’illusion et des métempsycoses,
J’implore ton sommeil sans rêve ; absorbe-moi.

Ces trois vers, d’un lyrisme devant son élan à l’exhalé d’une désespérance que l’oubli de tout peut seul apaiser, sinon satisfaire, appartiennent à un sonnet des Rêveries d’un païen mystique ayant pour titre : Nirvana.

Ce n’est qu’un cri ; mais le ciel en est dépeuplé. L’Olympe disparaît comme un décor de théâtre au coup de sifflet du machiniste, mais le coup de sifflet de Nirvana, en le faisant disparaître, siffle la pièce.

Avec Saint-Hilarion, restait La prière ; Nirvana, c’est l’attirance vertigineuse de l’abîme voulu ami. Le nihil vainqueur, n’est ce pas la faillite du divin enregistrée dédaigneusement, mais cette fin du règne des dieux n’avait-elle pas été prédite dans le Prométhée délivré, premier poème de Louis Ménar ?

Quel culte nous est-il encore permis ? Le culte intérieur de « ceux des nôtres qui ne sont plus ». Lisez Jour des morts dans les Rêveries.