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En nous laissant l’héritage de vos bienfaits et de vos exemples, qu’avez-vous conservé ? Cette immortalité à laquelle les plus sceptiques d’entre nous voudraient croire, dont les plus croyants voudraient avoir la preuve, est-elle autre part que dans le souvenir de ceux qui vous aimaient ? Je ne dis pas, comme M. Renan, que je suis à peu près sûr du contraire, je dis que je n’en sais rien, que jamais je ne le saurai. Mais je sais ce qui devrait être, ce qu’il serait bon de croire, ce que je voudrais être cru par les autres. Quand on sort des cimetières le jour des morts, on en rapporte une sérénité grave : tous ces gens-là ont des regrets ; pour quelques-uns peut-être ces regrets sont déjà une espérance, et peut-être que pour une génération nouvelle, plus heureuse que nous, l’espérance deviendra la foi.