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a mis au milieu du cimetière une stèle où on a écrit : Monument du Souvenir. Sur le piédestal s’accumulent les humbles couronnes et les petits bouquets d’immortelles et de pensées. — Mais les parias, les enfants trouvés, qu’ont-ils à faire de cette religion des familles ? Et tous ceux que leurs parents ont torturés dans leur enfance, quel souvenir d’amour et de respect peuvent-ils porter à ceux qui les faisaient mourir à petit feu et que vos lois ne punissent que d’une façon dérisoire ?

— Eh bien ! non, il n’y a pas de parias, la religion des morts n’exclut personne. À ceux que leur famille a repoussés, il reste la grande famille humaine. Cet enfant abandonné par sa mère, d’autres ont eu pitié de lui. Quelqu’un l’a trouvé au coin d’une rue et l’a porté à l’hôpital où on lui a donné une nourrice pour l’allaiter, un médecin pour le soigner. Il se souvient surtout de la sœur de charité qui faisait la classe, soyez sûr qu’il portera une fleur pour elle au Monument du Souvenir. « Elle nous apprenait à lire dans le catéchisme. Il y avait là un tas de choses que je ne comprenais guère, ni elle non plus, probablement, mais sa conclusion était tou-