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la réhabilitation de la chair, et fonde une hiérarchie de castes sur la différence des capacités : tout pour l’intelligence, rien pour la vertu. Le fouriérisme proclame les attractions proportionnelles aux destinées ; toutes les passions lui semblent légitimes : il suffit de les distribuer en groupes pour produire l’harmonie. Ni d’un côté ni de l’autre il n’y a place pour l’énergie virile de la lutte contre soi-même, pour l’héroïque effort de la volonté. Le christianisme, au contraire, héritier de la morale grecque, établit la suprématie de l’âme sur les attractions du dehors. Pour lui, la vie est un combat sans trêve, et le prix de la victoire, c’est la paix divine de la vertu. Quiconque admet cette grande morale de la lutte intérieure, poussée jusqu’au sacrifice de soi-même, a le droit de se dire chrétien.

Les sectes chrétiennes sont nombreuses, et pourraient l’être plus encore sans inconvénient. Leurs différences ne portent pas sur l’idéal moral, qui est seul du domaine de la foi, mais sur des questions de dogme ou d’histoire que chacun peut résoudre comme il l’entend. Dans l’exégèse comme dans toute autre science, les opinions