Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tort de mettre toutes les religions dans le même sac. Le protestantisme n’est pas une théocratie ; un pasteur protestant ne confesse pas les femmes des autres. Il prêche les vertus de famille, et il tâche de les pratiquer.

Vous me dites que, pour convertir quelqu’un à une religion, il faut commencer par y croire. Vous ne voyez dans la religion qu’un ensemble de dogmes plus ou moins inacceptables pour la raison d’un philosophe. J’y vois quelque chose de bien plus important que cela : une règle idéale pour la conduite de la vie. Ceux qui ont accepté cette règle forment un groupe social, une assemblée, — c’est le sens du mot Église, — et se sentent reliés les uns aux autres dans une aspiration commune : c’est le sens du mot religion. Vous me direz peut-être que la conduite de la vie regarde la morale, et que la morale est la même pour tous les hommes, à quelque religion qu’ils appartiennent, et même en dehors de toute religion : c’est une erreur. Examinez par exemple les principes moraux des deux grands systèmes de philosophie sociale qui se sont produits dans notre siècle, celui de Saint-Simon et celui de Fourier. Le saint-simonisme prêche