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sont inflexibles, et qu’il n’y a personne là-haut pour faire un miracle en sa faveur ? Si son enfant meurt, et si elle espère le revoir au ciel, lui direz-vous d’écarter cette hypothèse, que la science ne peut pas vérifier ? Non, vous lui laisserez cette espérance qui la console, peut-être même tâcherez-vous de la partager.

Au lieu de se retrancher obstinément dans des camps ennemis, les hommes et les femmes auraient un intérêt égal à vivre en paix sur un terrain commun. En réalité, ce n’est pas la religion qui nous gêne, c’est le clergé. La plupart des croyances et même des superstitions, sans nous paraître plus raisonnables, deviendraient inoffensives, s’il n’y avait pas de prêtres pour les exploiter. Que nos femmes admettent autant de personnes qu’elles voudront dans la Trinité, qu’elles se couvrent de scapulaires et de médailles miraculeuses, qu’elles boivent de l’eau de Lourdes quand elles sont malades, pourvu qu’elles n’aillent pas à confesse. Il me semble qu’elles peuvent bien nous accorder cela. Des gens plus religieux que nous, les Anglais, les Américains, les Hollandais, les Suédois, vivent et meurent sans confession, et ils nous valent bien. Vous avez