Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et ses enfants ont été convertis au catholicisme par autorité du roi.

Mais vous savez que ma femme était une fervente catholique. J’ai toujours respecté ses croyances, et c’est pour me conformer à ses dernières volontés que j’ai fait élever mes deux filles dans un couvent. Depuis que l’aînée est mariée, elle va rarement à confesse, par égard pour son mari : je suis sûr qu’il en sera de même de sa sœur. Mais vous me paraissez attribuer à cette question plus d’importance qu’elle n’en a. Il faut aux femmes des superstitions, comme il faut des joujoux aux enfants. Elles craignent par-dessus tout de n’être pas comme les autres, et elles savent que leurs amies ne les croiraient pas bien mariées si le prêtre ne s’en mêlait pas. Je me suis conformé à l’usage, parce qu’on ne m’acceptait qu’à cette condition, et je n’en ai pas moins été fort heureux en ménage. Je crois bien que vous serez obligé aussi d’en passer par là.

Au reste, je vous répète que cela ne dépend pas de moi. C’est à ma fille qu’il faut vous adresser ; mais je doute fort du succès. Pour convertir quelqu’un à une religion, il faut commencer par y croire soi-même, et vous êtes libre penseur