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Plus d’une fois, ne sachant où donner de la tête, il l’a appelée à son secours, mais à peine l’avait-elle tiré d’embarras qu’il la priait de s’en retourner, car il en a toujours eu peur.

Ces jours derniers, elle le vit entrer chez elle : — Qu’y a-t-il encore ? Toujours des plaintes contre tes domestiques, j’en suis sûr ; conte-moi ton affaire.

— Ma chère marraine, dit Jacques, j’ai dans ce moment deux espèces de serviteurs. Les uns, que j’appelle mes conseillers, n’ont pas de gages, et font d’assez bonne besogne, je n’en suis pas mécontent. Les autres, auxquels j’ai donné beaucoup plus d’autorité, et que je paye très cher, ne s’occupent que de leurs intérêts, au lieu de songer aux miens. Si parfois ils mettent la main à mes affaires, le résultat est tel que j’aurais encore économie à leur offrir une somme double pour ne s’en pas mêler.

La Fée. J’entends ; et quelle est l’opinion de tes amis les journalistes et les philosophes ?

Jacques. Ils disent que toute peine mérite salaire, et que je dois payer mes conseillers.

La Fée. Afin qu’ils fassent d’aussi bonne besogne que les autres, que tu payes si cher,