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Le Dieu. Ton orgueil est légitime ; il lui répugne de croire que l’âme humaine, fût-elle dégradée par le crime, puisse perdre entièrement la conscience et la raison. Pourtant ces deux lumières, tu le sais, peuvent singulièrement s’obscurcir par un mauvais emploi de ta libre volonté. Suppose donc maintenant que tu renaîtras dans la condition humaine, en apportant dans tes existences futures le germe des énergies que tu auras développées dans celles-ci. Suppose que les familles sont des groupes d’âmes associées, comme les branches du corail, dans une vie collective, et se développant à travers le temps. Chacun de vous renaîtrait dans ses petits-fils, et par ces renaissances alternées, chaque génération recueillerait ce qu’elle aurait semé autrefois.

L’Homme. J’ai souvent pensé qu’il en devait être ainsi : j’ai cru trouver là l’explication des sympathies spontanées et des ressemblances de famille ; j’y ai cherché surtout la raison des souffrances imméritées. Je sais que la douleur est une épreuve, qui nous grandit et nous épure, si nous savons la supporter ; mais il y a quelque chose qui accuse votre providence, c’est la douleur des enfants. J’ai tâché d’y voir l’acquitte-