Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nouveau ; mais par la révolution des âges, ces temples tomberont en poussière et les monuments élevés par nos ancêtres subsisteront, quoique mutilés moins par l’injure du temps que par l’impiété des hommes. Les empires nouveaux rentreront dans la nuit, et au milieu de leurs décombres et des sables du désert, se dresseront, impérissables, les pylônes de Thèbes et les pyramides de Memphis.

Asclèpios. Et que deviendra, dans ces siècles lointains, l’âme de la vieille Égypte ?

Hermès. Les âmes, tu le sais, résident dans l’éther, entre la région des nuages et celle des étoiles. C’est de là qu’elles répandent sur nous leurs influences bénies. Mais, comme le soleil ne peut verser la chaleur et la lumière sur ceux qui évitent ses rayons en se cachant dans les cavernes, ainsi les morts oubliés par les vivants les oublient à leur tour ; ils ne sont présents qu’au milieu de ceux qui pensent à eux et qui les prient. La pensée des peuples anciens rayonnerait comme un phare sur l’avenir, si l’avenir recueillait les leçons du passé avec le respect d’un fils pour la mémoire de son père ; mais le temps est venu où, selon la parole de Thoth, on