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de la tache originelle ; sous ce voile mystique elles cachent la honte de leur incarnation. Pourquoi ces rougeurs involontaires au seul nom de la volupté ? N’est-ce pas une loi divine, cette irrésistible attraction qui enchaîne l’esprit dans la matière ? C’est la source de la vie, la base de la famille, la grande communion des êtres, et on n’ose pas en parler. Il y a là un mystère profond que devraient bien expliquer vos théories modernes de réhabilitation de la chair.

La mort aussi est un mystère, entouré comme l’autre d’un inexplicable mélange de respect et de dégoût. Lever les chastes voiles, révéler ce qui s’enveloppe de silence et d’ombre, serait aussi impur et aussi impie que de violer un tombeau. Devant les deux portes de la vie, il y a une horreur sacrée. La lumière souillerait ce qui appartient à la nuit. L’origine et la fin des choses sont les secrets des Dieux.