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même Hèraklès est appelé tantôt le fils de Zeus, tantôt le fils d’Amphitryon.

Dans les fables poétiques sur l’origine des Héros, il est à remarquer que jamais les femmes mortelles n’acceptent de bonne grâce l’amour d’un Dieu. Zeus est obligé de se changer en cygne, en aigle, en taureau, il ne peut réussir qu’en prenant la forme d’une bête ; si la femme savait que c’est un Dieu, elle n’en voudrait pas. Apollon, le plus beau des immortels, n’a aucun succès en amour : Daphnè se sauve à son approche, Coronis le trompe indignement, on ne sait pour qui, pour le premier venu : il suffit que ce ne soit pas un poète. Le Féminin, qui est la matière et la vie, a une répugnance instinctive pour l’intelligence et l’idéal.

Jeune fille, dit l’ange Ithuriel, je t’ai aperçue de là-haut, quand tu te baignais dans l’eau transparente, sous les cèdres du mont Hermon, et j’ai quitté le ciel pour toi. Laisse-moi contempler tes yeux noirs, mes étoiles. Tu es trop belle pour la terre, Dieu s’est trompé en te faisant naître ici. Mais il ne t’a donné que la vie, moi, je veux te donner une âme. Dans cette forme divine j’allumerai une flamme céleste, je serai