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chaudes tombaient sur ses mains en larges gouttes.

Il fallait revenir seul par la route qu’ils avaient suivie ensemble, et partout, sur son passage, il y avait des mauvais anges qui riaient d’un rire moqueur. Quand il arriva près de la source, il entendit une plainte navrante : Ah ! malheureux, qu’as-tu fait ?

Il rentra dans sa cellule et se mit à genoux devant son crucifix. Le Christ le regardait d’un air irrité :

Ah ! tu as voulu associer mon culte à celui de mon éternelle ennemie, la reine du monde périssable, la Vie que j’ai condamnée, la Nature que j’ai maudite. Tu vois ce qu’elle a fait de toi, ta grande Isis, la magicienne qui t’a séduit par ses incantations. Moi, je reprends ce qui m’appartient, l’offrande que tu m’avais consacrée autrefois : c’est la brebis perdue et retrouvée, je l’emporte dans mes bras. Mais pour racheter son âme, il faut le sang du sacrifice : sois la victime ; répands ta douleur comme une libation pour son salut éternel, brûle ton cœur en holocauste sur l’autel de la rédemption !

L’ange blanc et l’ange noir se tenaient des