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aux embûches de l’ennemi du genre humain.

Hilarion prononça le serment. La sainte ramassa deux tiges de roseau et en fit une croix qu’elle planta en terre ; elle puisa de l’eau à la source et la versa sur les cheveux noirs de l’enfant. Alors tout s’effaça comme une vision ; Hilarion se trouva seul près de la source, qui chantait gaiement sur son lit de coquillages et dansait avec des éclairs d’argent parmi les roseaux.

Des années se passèrent. Hilarion vieillissait dans la solitude, méditant sur la vie éternelle, et associant toujours la lecture des livres profanes à ses méditations sur l’Évangile, sans voir qu’il y avait là un grand danger. Il aimait à se rappeler les leçons d’Hypatie et les allégories ingénieuses qu’elle savait découvrir dans la mythologie des poètes, transformant ainsi les fables les plus absurdes en graves paraboles, d’un sens profond et d’une haute moralité. Sa sérénité radieuse dissipait les orages de l’âme ; les cœurs troublés s’apaisaient en contemplant sa beauté calme, en écoutant sa parole austère. On comprenait que les passions sont faites pour être domptées. La fille du soleil, Circé, l’enchante-