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Qui jamais de leur ciel ne détourna les yeux,
Et qui, sur cette mer sans astre et sans rivage,
Fatigué de ramer et de chercher un port,
Ainsi qu’en un tombeau dans l’infini s’endort.

La vertu, c’est la force ; et le sage doit suivre
La route où marche aussi le troupeau des humains,
Mais pour guider leurs pas et frayer les chemins.
Notre vie est un jour ; mais l’homme qui veut vivre
Saisit ce jour, foulé par deux éternités,
Pour en faire jaillir d’immortelles clartés.

La lutte le grandit, la vie est sa conquête :
Le repos, c’est la mort. Fût-il toujours vaincu,
Il est vivant du moins, car il a combattu.
Il délivre, il redresse, et jamais ne s’arrête,
Et ses pieds sur le sol n’osent se reposer
Tant qu’il y reste encore une chaîne à briser.