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Par son céleste amour Dieu paya ma douleur.
Tu me l’avais prédit : errante et vagabonde,
Je m’égarai longtemps sur les confins du monde ;
Un aiguillon fatal pressait partout mes pas ;
De fantômes sans nombre en tous lieux entourée,
Aux ronces du chemin meurtrie et déchirée,
Je me plaignais du Dieu qui ne se montrait pas.

Et, d’un fatal amour maudissant la naissance,
Loin du terme espéré, haletante, en démence,
Je m’assis, maudissant le destin et les dieux.
Alors, d’une clarté céleste illuminée,
Une croix m’apparut : tremblante et prosternée,
J’entendis retentir des mots mystérieux :

« Vous que l’amour divin embrase,
Jusqu’à l’hymen de Dieu vous pouvez parvenir,
Mais par la pureté sachez le conquérir ;
Que votre âme, abîmée en une sainte extase,
Jette aux douleurs d’un jour ce corps qui doit périr. »