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Dans le ciel, qu’à peine il éclaire,
Jette en mourant ses derniers feux.


PROMÉTHÉE.

Laisse fuir le passé : l’avenir se déroule ;
Grossi par chaque instant, le torrent des jours coule,
Charriant les dieux morts et les trônes détruits.
Les grands jours vont venir : l’éternité féconde
Va de ses flancs profonds laisser sortir un monde
A l’heure où de mes fers tomberont les débris.

Et toi, roi du passé, Tout-Puissant, Dieu suprême,
Sous mille noms divers restant toujours le même,
Qu’on t’appelle Brahma, Zeus, Jéhovah, Seigneur,
O pouvoir inconnu ! quelque nom que tu prennes,
Moi, brisé par ta foudre et meurtri par tes chaînes,
Moi, ton seul ennemi, je brave ta fureur.

Non, tu n’as pas vaincu, car j’ignore la crainte,
Et jamais de mon sein ne sortit une plainte.