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Mais, dans son vol muet, la morne destinée,
Changeait les vins sacrés en un amer poison ;
Jetant la coupe d’or de fleurs environnée,
Je foulai sous mes pas ma couronne fanée,
Et sondai du regard le quadruple horizon.

Les épaisses vapeurs du sang et de l’orgie
Voilaient comme un linceul le flambeau du soleil ;
Comme un champ desséché la terre était sans vie.
Et, sous le ciel d’airain, de l’aurore endormie
Les peuples haletants imploraient le réveil.

Alors, sur un mont solitaire,
Un astre éclatant se leva ;
L’ombre s’évanouit : la terre,
Dans un recueillement austère,
Comme un dieu nouveau l’adora.

Cloué sur une croix sanglante,
Un homme apparut à mes yeux ;