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Aux enfants du néant, dont mon doigt créateur
D’un limon trop fragile avait formé le cœur.

De la terre et de toi viens me parler sans crainte.
Comme un soupir lointain, sur mon sommet glacé,
Le vent de tes douleurs quelquefois a passé ;
Et moi, je supportais mes tortures sans plainte,
Craignant pour mon orgueil des échos indiscrets,
Mais sur tes maux, mortel, bien souvent je pleurais.


LE CHŒUR.

Que faire ? A la douleur quand Zeus livra le monde
Pour le punir du don que tu nous avais fait,
Faible et tremblant devant son tonnerre qui gronde,
J’adorai : son orgueil ne fut pas satisfait.

Alors, dans tous les lieux j’élevais ses images,
J’éveillais en priant l’écho dormant des bois,
Et puis j’interrogeais mes prêtres et mes sages,
Pour savoir si le ciel écouterait ma voix.