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Je veille seul : il n’est pour moi ni nuit ni rêve,
Et l’immortel vautour ne laisse pas de trêve
À mes flancs déchirés que nourrit la douleur ;
Depuis quatre mille ans sa rage me dévore,
Mais les temps vont enfin s’accomplir, et l’aurore
Doit éclairer les pas de mon libérateur.

Jadis, quand Zeus punie en moi le divin crime
Du feu sacré porté chez les êtres d’un jour,
Vaincu, je lui prédis qu’au fond du noir abîme
Les dieux, chassés du ciel, tomberaient à leur tour.
Cependant, enivrés de l’encens de la terre,
Ils s’endorment au fond de leur ciel solitaire ;
Mais le matin verra mon oracle accompli :
Sous le bras d’Héraclès quand tomberont mes chaînes,
Déshérités enfin des prières humaines,
Les cultes oppresseurs périront par l’oubli.


LE CHŒUR.

O seul ami de l’homme ! ô toi qui sur la terre
Descendis autrefois le feu sacré des cieux !